Dans la leçon précédente, nous avons vu l'importance de nos réactions. Ce qui nous arrive n'est pas aussi important que la façon dont nous y réagissons. Si nous ne nous offusquons pas à cause d'une insulte ou d'un tort quelconque, il y a bien des chances que cette injure ou ce tort ne nous fasse pas tellement souffrir. D'un autre côté, si nous les laissons se transformer en ressentiment, ils peuvent nous faire beaucoup souffrir.

Qu'est-ce que le ressentiment ? Pourquoi a-t-il un pouvoir aussi destructif ? Quels sont ses effets sur nous ? Comment pouvons-nous passer de l'amertume au pardon ? Dans la présente leçon, nous répondrons à ces importantes questions.

Qu'est-ce que le ressentiment ?

Le ressentiment, c'est ce profond sentiment de mécontentement ou de colère que nous ressentons contre quelqu'un à cause d'une offense passée. C'est le douloureux souvenir de blessures passées.

Le ressentiment est le grand ennemi des bonnes relations. Il détruit les amitiés et transforme les amis en ennemis. Mais l'effet le plus nuisible du ressentiment, c'est la destruction de celui qui garde ce sentiment.

Pourquoi gardons-nous du ressentiment ?

De toutes les choses mauvaises et destructrices qui peuvent nous arriver, le ressentiment est une des pires. C'est comme un germe mortel qui s'efforce constamment d'avoir le dessus sur nous, afin de nous détruire. Aucune personne bien pensante n'entretiendrait et ne nourrirait un germe mortel si elle savait que ce germe pourrait finir par la tuer. Beaucoup de chrétiens gardent cependant du ressentiment, qui a des effets beaucoup plus destructeurs que n'importe quel germe.

Étant donné que le ressentiment est un péché si grave, nous pourrions nous demander « Pourquoi gardons-nous du ressentiment ? » Il y a plusieurs raisons pour cela :

• Nous nous sentons justifiés de garder du ressentiment.

Une des raisons pour lesquelles il nous est difficile de reconnaître la nature pernicieuse du ressentiment, c'est qu'il nous semble juste. Nous avons l'impression d'avoir raison de nourrir du ressentiment ou de la rancune. Nous nous disons : « Il n'est que naturel d'avoir de la rancune pour un tel. »

Pour justifier notre ressentiment, nous construisons souvent dans notre esprit une fausse image de l'autre personne. Nous mettons de côté les qualités de cette personne et toutes les bonnes choses qu'elle peut avoir faites, et nous nous concentrons sur ses offenses à notre égard.

• Le ressentiment nous donne l'impression d'être supérieur à l'autre.

Quand quelqu'un fait quelque chose qui nous offense ou qui nous blesse, nous prenons une attitude de supériorité par rapport à cette personne. Nous nous disons : « Je n'aurais jamais fait une chose semblable ! » Nous aimons ce sentiment de supériorité et nous nous accrochons donc à notre ressentiment.

• Nous aimons « tenir des comptes ».

Nous gardons parfois notre ressentiment de manière à pouvoir compenser toute offense future que nous pourrions commettre. Nous voulons pouvoir dire  : « J'ai peut-être eu tort en cela, mais toi, tu m'as fait ceci et cela. »

• Nous aimons nos ressentiments.

Aussi étrange que cela puisse paraître, nous gardons nos blessures fraîches pour le plaisir que nous en retirons. Nous aimons entretenir nos blessures et nous apitoyer sur nousmêmes quand quelqu'un nous a offensé.

Le ressentiment se transforme en amertume

Le ressentiment est un des péchés les plus bizarres : il a pour but de punir l'autre personne, mais c'est nous qui en souffrons beaucoup plus que l'autre. Parfois, l'autre personne n'est même pas consciente d'avoir fait quelque chose de mal. Notre ressentiment ne la blesse donc pas du tout, mais il a sur nous un effet très destructeur.

Si nous nous accrochons à notre ressentiment, il peut se transformer en amertume. L'amertume affecte notre santé, notre esprit, notre personnalité et notre relation avec Dieu. Regardons cela.

L'amertume affecte notre santé.

L'amertume est un poison pour notre corps. Le ressentiment, l'amertume, la haine et la rancune peuvent causer des ulcères, des hausses de tension sanguine et des douzaines d'autres maladies. Certains médecins ont estimé que 90 pour cent de nos maladies sont causées par la colère, la peur, le ressentiment et l'amertume.

Garder l'amertume dans notre cœur peut nous faire perdre notre sommeil et nous amener à être presque toujours fatigué. Elle peut nous enlever le plaisir de manger, et notre joie de vivre. Avec le temps, cela se manifestera dans nos yeux et sur notre visage. Un médecin a dit :

Le jour où je me mets à haïr un homme, je deviens son esclave. Je ne peux plus prendre plaisir à mon travail parce que cet homme contrôle mes pensées. Mes ressentiments produisent trop d'hormones de stress dans mon corps, si bien que je me sens fatigué après seulement quelques heures de travail. Le travail que je considérais auparavant comme un plaisir devient pour moi une corvée. Même mes vacances ne me procurent plus de plaisir. Je ne peux échapper à la tyrannie qu'il exerce sur mon esprit.

L'amertume affecte notre esprit.

Il a été prouvé que l'amertume peut causer et cause effectivement la dépression. Les personnes qui ont tendance à être la plupart du temps déprimées sont souvent des gens qui gardent rancune à un parent qui les a blessés dans le passé. Si vous êtes une de ces personnes, vous ne surmonterez jamais votre dépression de façon durable tant que vous ne vous débarrasserez pas de cette amertume.

L'amertume affecte notre personnalité.

Plus nous gardons rancune à quelqu'un, plus nous pensons à cette personne. Et plus nous pensons à une personne, plus nous devenons semblables à elle. C'est un fait que plus vous concentrez vos émotions sur une personne, plus vous avez tendance à devenir comme elle.

L'amertume affecte notre relation avec Dieu.

Quand nous disons le Notre Père, nous prononçons les paroles suivantes : « Pardonne-nous nos offenses, comme nous aussi nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés. » (Matthieu 6.12).

Quand nous faisons cette prière, nous disons en fait : « Seigneur, je te demande de me pardonner mes péchés comme j'ai pardonné aux autres les péchés qu'ils ont commis contre moi. » Si vous n'avez pas pardonné aux autres, vous demandez en fait à Dieu de ne pas vous pardonner.

Le pardon nous libère

La seule chose qui peut nous libérer du ressentiment et de l'amertume, c'est le pardon. Mais il n'y a pas beaucoup de personnes qui comprennent vraiment ce qu'est le pardon. Pardonner, ce n'est pas essayer de fermer les yeux sur le péché ou de faire semblant qu'il n'y a pas eu de péché. Pardonner, ce n'est pas essayer d'oublier. L'oubli vient après le pardon, pas avant.

Qu'est-ce que pardonner ? Pardonner, c'est porter vous-même le mal ou le tort et choisir de ne plus jamais vous en souvenir. Pardonner signifie que vous passez l'éponge en autant que vous êtes concerné.

Il est coûteux de pardonner. Celui qui pardonne paye le prix de l'injure ou du mal qu'il pardonne. Pour que Jésus-Christ puisse nous pardonner, il a dû payer pour nos péchés. C'est pour cela qu'il est mort sur la croix.

Il est coûteux de pardonner, mais il est encore plus coûteux de ne pas pardonner. Vous avez peut-être gardé le souvenir d'un certain tort ou d'une offense pendant longtemps. Vous y pensez peut-être en ce moment même. Cette personne vous a peut-être fait une grande injustice, mais cette offense ne vous a pas causé autant de tort que le tort que vous vous êtes causé à vous-même en gardant rancune.

Comment passer de l'amertume au pardon

Les étapes suivantes vous montreront comment abandonner votre amertume :

Reconnaissez que Dieu est le juge.

Les gens ont besoin d'être jugés pour leurs mauvaises actions, mais nous ne sommes pas ceux qui doivent les juger. Le jugement appartient à Dieu. La Bible dit :

« Ne vous vengez point vous-mêmes, bien-aimés, mais laissez agir la colère ; car il est écrit : À moi la vengeance, à moi la rétribution, dit le Seigneur. » (Romains 12.19)

Dieu nous dit de ne pas nous venger, mais plutôt de pardonner. Quand nous pardonnons à quelqu'un, nous remettons cette personne à Dieu en reconnaissant qu'il est le seul à avoir le droit de juger et de punir les gens pour leurs mauvaises actions.

Confessez votre péché à Dieu.

L'autre personne vous a peut-être causé un grand tort. Si c'est le cas, il devra en rendre compte à Dieu. Mais, si vous gardez rancune, vous péchez, et vous devrez rendre compte à Dieu de ce péché.

Pour vous débarrasser de ce péché, vous devez le confesser à Dieu et lui demander de vous purifier par le précieux sang de son Fils.

Prononcez une sentence de mort sur le ressentiment et l'amertume.

Le ressentiment et l'amertume ne sont pas des vices sans importance. Ils font partie des péchés les plus graves. Nous devons prononcer une sentence de mort sur eux sinon ils prononceront une sentence de mort sur nous. Garder de l'amertume, c'est vivre selon la chair, et la Bible dit :

« Si vous vivez selon la chair, vous mourrez [ ... ]. » (Romains 8.13).

Parce que nous avons été crucifiés avec Christ, nous avons le droit de refuser tout ce qui appartient à notre ancienne vie. Cela veut dire que nous pouvons refuser et rejeter le péché d'amertume. Nous avons le droit de demander au Seigneur de le mettre à mort par son Esprit. Nous pouvons faire la prière suivante :

« Seigneur Jésus, j'ai été crucifié avec toi. À cause de cela, j'ai le droit de refuser tout péché qui appartient à mon ancienne vie. En ce moment même, je refuse et je rejette cette amertume et je te demande, par ton Saint-Esprit, de la mettre à mort. »

Pardonnez comme Christ vous a pardonné.

Pardonner implique un choix de notre part. Nous devons choisir de pardonner. Nous ne sommes peut-être pas disposés à pardonner à l'autre, mais Dieu s'occupe de nos choix et de nos dispositions.

Vous vous dites peut-être : « Mais supposons que cette personne ne me demande pas pardon ou n'admette même pas qu'elle a eu tort. Comment puis-je lui pardonner ? »

D'après ce que nous savons du récit des Écritures, personne n'est venu trouver Jésus pour lui demander pardon pour ses péchés. Jésus a cependant pardonné aux gens. Il leur a pardonné d'une façon très spéciale. Il leur a pardonné unilatéralement.

Le mot « unilatéral » a l'air d'un mot très compliqué, mais il n'est pas vraiment difficile à comprendre. Il signifie « d'un seul côté ». Pardonner unilatéralement à quelqu'un signifie que vous lui pardonnez de votre côté sans tenir compte de ce qu'il fait. Il ne demandera peut-être pas pardon. Il ne se rendra peut-être même pas compte qu'il a besoin d'être pardonné. Mais vous pouvez choisir de lui pardonner quand même.

Ceux qui ont crucifié le Seigneur Jésus ne lui ont pas demandé pardon, mais Jésus leur a pardonné quand même. Il a fait la prière suivante : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu'ils font. » Le pardon a coulé de son cœur vers ceux qui ne lui avaient pas demandé pardon et qui ne le méritaient pas non plus. C'était un pardon unilatéral.

Quand nous sommes venus au Seigneur pour être sauvés, nous ne lui avons pas confessé tous les péchés que nous avions commis auparavant. Nous ne lui avons pas demandé pardon pour chaque péché. Le Seigneur nous a cependant reçus et nous a pardonné tous nos péchés. Il nous commande maintenant de pardonner aux autres comme il nous a pardonné. La Bible dit :

« Ainsi donc, comme des élus de Dieu, saints et bien-aimés, revêtez-vous de sentiments de compassion, de bonté, d'humilité, de douceur, de patience. Supportez-vous les uns les autres, et, si l'un a sujet de se plaindre de l'autre, pardonnez-vous réciproquement. De même que Christ vous a pardonné, pardonnez-vous aussi. » (Colossiens 3.12,13)

Même si l'autre ne vous demande pas pardon ou n'admet pas qu'il a eu tort, vous pouvez quand même pardonner. Vous pouvez pardonner unilatéralement.

Faites confiance au Saint-Esprit pour rendre votre pardon réel.

Pardonner aux autres et se débarrasser de l'amertume est le résultat de notre coopération avec le Saint-Esprit. Nous ne pouvons pas le faire par nous-mêmes, et le Saint-Esprit ne le fera pas si nous n'avons pas choisi de le faire. Nous devons coopérer avec lui. Nous choisissons de le faire et nous lui faisons confiance de le faire. La Bible dit :

« Si vous vivez selon la chair, vous mourrez ; mais si par l'Esprit vous faites mourir les actions du corps, vous vivrez. » (Romains 8.13)

Nous devons demander au Saint-Esprit de nous rendre capables de pardonner et d'oublier ! Nous pouvons « pardonner » à quelqu'un, mais « rétablir » ensuite ses péchés en y revenant continuellement. En refusant d'oublier, nous permettons à notre ressentiment de survivre. Que Dieu nous rende capables de pardonner comme il pardonne lui-même de pardonner et d'oublier. Dieu dit :

« [ ... ] Je pardonnerai leurs iniquités, et [ ... ] je ne me souviendrai plus de leurs péchés [ ... ]. » (Hébreux 8.12)

On demanda un jour à Clara Barton, la fondatrice de la Croix Rouge américaine, si elle parlait encore à un tel. « Mais pourquoi pas  ? » répondit-elle. Son amie, qui savait que cette personne avait commis une offense contre Mlle Barton des années auparavant, lui rappela l'offense. Mlle Barton répondit : « Oh, je me souviens distinctement d'avoir oublié cette offense. »

Venir à bout de nos sentiments

Pour passer de l'amertume au pardon, une partie importante consiste à venir à bout de nos sentiments. Nous pouvons choisir de pardonner et le désirer de tout notre cœur, mais la blessure peut demeurer quand même. Pour être complètement libérés de tout ressentiment et de toute amertume, nous devons venir à bout de nos sentiments.

Y a-t-il une manière qui nous permette de venir à bout de nos sentiments ? Oui, il y en a une ! La façon de venir à bout de nos sentiments, c'est de changer notre façon de voir. N'oubliez pas que nous sommes grandement influencés par la façon dont nous voyons les choses.

Considérez Joseph. Nous avons déjà vu que les frères de Joseph le haïssaient et qu'ils l'avaient vendu comme esclave. Il n'y a pas de moyen de changer les faits. Ce qui est arrivé est arrivé pour toujours. Joseph n'a cependant pas gardé rancune contre ses frères.

Comment Joseph a-t-il pu avoir de bons sentiments à l'égard de ses frères après tout ce qu'ils lui avaient fait ? Il a bien compris le sens de ses circonstances. Il a vu la main de Dieu dans tout ce qui lui était arrivé. Il s'est rendu compte que Dieu s'était servi de toutes ces circonstances pour son bien. Il a dit à ses frères :

« Vous aviez médité de me faire du mal : Dieu l'a changé en bien [ ... ] » (Genèse 50.20).

L'histoire de Joseph nous enseigne la grande vérité suivante : si nous lui faisons confiance, Dieu peut changer le mal en bien. Dieu n'est pas la cause du mal, mais il peut s'en servir pour accomplir ses desseins. La Bible dit :

« Nous savons, du reste, que toutes choses concourent au bien de ceux qui aiment Dieu [ ... ]. » (Romains 8.28)

Remarquez que ce verset ne dit pas que nous « voyons » ou que nous « comprenons », mais que « nous savons [ ... ] que toutes choses concourent au bien de ceux qui aiment Dieu [ ... ]. » Il se peut que nous ne voyions pas ou que nous ne comprenions pas comment toutes choses concourent à notre bien, mais nous le savons parce que Dieu le dit.

Concernant notre situation, nous ne pouvons pas changer les faits. Ce qui est arrivé est arrivé, et nous ne pouvons pas le changer. Mais nous pouvons croire que Dieu peut en tirer du bien. Nous pouvons dire :

« Seigneur, ce que cette personne a fait me semble mauvais, mais tu dis que toutes choses concourent au bien de ceux qui t'aiment. Je crois que tu peux changer cela en bien comme tu l'as fait pour Joseph. »

Quand nous croyons que Dieu se sert de toutes choses, même de celles qui nous semblent mauvaises, pour notre bien éternel, nous pouvons alors voir les choses différemment. Nous pouvons en fait remercier Dieu pour ce qui nous arrive. Cela enlève la blessure des offenses passées et nous libère du ressentiment. Au sujet de ceux qui nous ont fait du tort, nous pouvons dire comme Joseph : « Vous aviez médité de me faire du mal : Dieu l'a changé en bien. »

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